Écrire quelques lignes sur la présence comme compétence comportementale relève presque du défi. Face à elle : restons modestes. Le contenu d’une bibliothèque ne suffirait pas à en parler, tant cette notion peut-être riche en ramifications en tous genres. Aussi, voici seulement quelques débuts de pistes pour ouvrir la réflexion et donner envie.
En entreprise, la notion de présence renvoie à l’un des softs skills autant apprécié pour ce qu’il dégage qu’il avance par nature discrètement, étant entouré d’un certain flou artistique. Et pour cause, cette « compétence douce » se dérobe à toute définition carrée et définitive, simple et concise, comme on peut en trouver, plus facilement par exemple, pour la notion d’audace.
Tout d’abord, osons un peu d’étymologie : le mot présence est « emprunté du latin Praesentia, dérivé de Praesens, de prae : avant, devant, et de esse : être ».
Littéralement : avoir de la présence consisterait à « être devant, à la tête de », d’où, au figuré : « commander, diriger » ajoute Alain Rey, dans son « Dictionnaire historique de la langue française ».
De manière plus générale, il désigne le fait d’être présent, d’être là et, avec une valeur caractérisante, d’être efficace,… ». Alain Rey précise encore : ce mot « désigne le fait d’être présent par l’esprit, la disponibilité, l’attention… » et il cite Furetière[1], qui précise : « présence de cœur, par opposition à présence corporelle« . Plus loin enfin, dans le théâtre (avoir de la présence), il lui donne son synonyme : le rayonnement.
Voilà déjà une belle matière, qui donne l’envie de prendre sa direction : celle d’une présence…
Ainsi, dans l’ordre où ils sont apparus ci-dessus :
- être devant, à la tête de : …d’accord mais être à la tête de quoi ? …De soi naturellement (ce qui n’est pas une mince affaire…!),
- commander, diriger : tout ce qui caractérise l’évidence de la présence d’une personne induit, je crois, l’idée d’une certaine forme d’autorité qui « monte » de celle-ci, comme naturellement, du fait de sa congruence interne,
- être là : donc exactement dans l’instant présent, c’est à dire, ni dans les ruminations du passé, ni dans la peur par anticipation du futur (cela renvoie au développement de la « pleine conscience », connue aussi dans sa version anglaise de « mindfullness », tout un programme…),
- être efficace : parce qu’étant là, dans l’instant, je peux agir immédiatement à bon escient,
- disponible : c’est à dire ouvert à toute demande, fusse-t-elle inattendue, donc, sans les schémas mentaux automatiques,
- attentif : à ce tout qui advient, partout, à l’intérieur de soi comme à l’extérieur de soi, chez l’autre
- dans une présence de cœur : donc, en étant aligné sur le thermostat de ses propres émotions, être dans la compréhension de celles des autres,
- enfin, rayonner : attirer l’attention des autres (comme un soleil ?!) dans le sens d’une adhésion, d’un leadership sans effort qui va de soi.
Pour clore cette (trop) courte réfléxion : la présence, comme compétence professionnelle à développer, est un chemin qu’on emprunte, chaque matin, ou pas. Elle n’est jamais un acquis mais des habitus peuvent la porter. Enfin, comme Johnny Halliday, parait-il, aimait se dire, citant Victor Hugo : la présence, « c’est être une force qui va ».
[1] Antoine Furetière a écrit, au XVII siècle, le premier dictionnaire de la langue française, lequel est l’ancêtre du fameux Littré, qui fait encore autorité aujourd’hui. On le trouve facilement, en fac similé, sur internet
Par Louis de Sagazan, Consultant Formateur RH et Développement Professionnel